Dans l’enseignement supérieur, deux sujets préoccupent les étudiants: réussir et se réinscrire. Pourrait-on réussir avec une note administrative de 10/20 ? Pourrait-on garantir la finançabilité des étudiants et leur droit à se réinscrire ? A travers les médias ou au Parlement, ces idées progressent à côté de celle consistant à introduire un recours. Pourtant, elles sont critiquées. Elles dévalueraient le travail et la réussite ou elles interviendraient trop tard ou trop tôt. Trop tard, parce que la première session d’examens touche à sa fin. Trop tôt, parce qu’on ne dispose pas encore de véritables chiffres. Bref, tout le monde s’accorde pour que les étudiants n’aient pas à payer la facture de la crise du covid19…mais personne ne s’entend sur les moyens pour y arriver. Infor Jeunes Bruxelles essaie de faire le point sur ces mesures.
Une note administrative de 10/20 ?
Noonefails.be
Cette semaine, le site www.noonefails.be (“personne n’échoue”) a été mis en ligne par un collectif d’étudiants apolitique de six établissements différents. Pour ce collectif, le constat est simple : “20% des étudiants sont en décrochage scolaire. 70% des étudiants n’ont pas reçu les modalités pour leurs examens, parfois pas à temps et pour certains, elles ont été changées la veille. Ce qui augmente évidemment le stress, déjà grand avec le contexte actuel. Il y a aussi 2% des étudiants qui, depuis le début du confinement, ont comme seul outil de travail numérique un smartphone. A l’échelle de l’ULB, ce sont 700 personnes”. Au-delà de ce constat, il n’y a pas eu de troisième quadrimestre et la matière n’a pas été enseignée. Dès lors, que va-t-on évaluer au juste ?
Afin de ne pas être pénalisé par cette crise, le collectif demande à ce que tout le monde obtienne une note de 10/20. Cette note pourrait par ailleurs être améliorée. Pour y parvenir, le site proposait d’envoyer des SMS ou des emails à des ministres ou des recteurs. Au moment où ces lignes sont écrites, le site n’est néanmoins plus accessible. Modification ou suppression de la page ? Il est sans doute trop tôt pour le dire mais, hier encore, le compteur d’envoi prouvait le succès de l’initiative.
Carte blanche, USE, AGL, FEL…et autre acronymes bizarres
Par ailleurs, l’intiative était elle-même soutenue dans une carte blanche publiée hier par une vingtaine d’académiques. De même, elle rejoint une revendication de l’Union syndicale étudiante (USE) publiée le 23 avril 2020. Avant-hier, c’est l’Assemblée générale des étudiant-e-s de Louvain (AGL) qui réagissait. A travers une carte blanche, l’association étudiante demandait aux autorités de “considérer la possibilité de proclamer la réussite de certains cours par une note administrative, la moyenne de l’étudiant”.
Autre approche du côté de la Fédération des étudiants libéraux (FEL). Dans un article publié le 5 mai 2020, l’organisation de jeunesse demandait que la session d’examens soit maintenue mais adaptée. En effet, “les examens sont un outil indispensable pour certifier de l’acquisition des connaissances et des compétences sur l’année écoulée (…) ils permettent aux étudiants de savoir où ils en sont et, le cas échéant, de pouvoir combler leurs lacunes”. Et de rajouter “[q]ue fait-on des étudiants qui depuis la rentrée académique se sont donnés corps et âme pour décrocher une mention ?” Pour contrecarrer les effets de la crise sanitaire, l’idée serait de remplacer les examens par des travaux à distance, des livres à cours ouverts et des oraux tout en demandant d’organiser durant l’été des “cours gratuits de remédiation facultatifs”.
Pour le moment, la revendication des premiers ne semble pas être suivie d’effets. Les évaluations sont donc maintenues. Ici et là, quelques enseignants utilisent leur liberté académique pour avantager les étudiants. Par exemple en accordant une note administrative. Néanmoins, cela reste exceptionnel…et discrétionnaire. D’ailleurs, ce sont les jurys qui, dans le cadre de leur liberté académique, apprécieront discrétionnairement, librement et au cas par cas, les situations. Et en cas de désaccord ? Infor Jeunes Bruxelles abordait la question des recours en première session dans cet article. Par ailleurs, la situation reste susceptible d’évoluer. Vous vous en doutez, vous en serez informés.
Rendre tout le monde finançable ?
Hier, deux visions s’affrontaient au Parlement de la Communauté française. La vidéo est disponible ici et le compte-rendu écrit est consultable ici. Deux visions…et deux votes sur des deux motions différentes. La première motion consistait à marquer la confiance au Gouvernement, à lui demander de poursuivre la négociation et l’évaluation des mesures et à ne pas adopter une position qui mettrait à mal les finances publiques. La deuxième motion consistait à garantir les droits des étudiants à se réinscrire. Reprenons les arguments et les déclarations.
Première motion…c’est oui
D’une part, les partis de la majorité déposaient une motion pour marquer leur confiance dans les mesures actuellement en vigueur. Diverses raisons justifient ce choix. Il s’agit de “gérer cette crise de manière responsable” et adopter “des mesures isolées (…) concertées et tenables (…)” tout en restant “attentifs à l’évaluation de cette session d’examens, afin de prendre les mesures pertinentes, notamment en termes de calcul de la finançabilité ou autres” (Mme Joëlle Kapompolé, PS).
De même, il s’agit aussi de “prendre les mesures adéquates et nécessaires dans un esprit de dialogue” et d’attendre “à tout le moins les résultats de la concertation pour éviter de faire n’importe quoi” (M. Rodrigue Demeuse, Ecolo).
Enfin, il s’agit de rappeler que “[l]es jurys tiendront compte de la situation exceptionnelle qui est la nôtre. Les balises ont d’ailleurs été fixées en ce sens” (Mme Françoise Schepmans, MR). Enfin, Mme Alda Greoli (cdH) rappelait que “garantir la finançabilité pour tous aurait été une “prime à la mauvaise gestion; en effet, la conséquence d’une enveloppe fermée, c’est que ce sont ceux qui auront eu le plus haut taux d’échec, c’est-à-dire ceux qui auront généralement le moins bien accompagné les étudiants, qui se verront garantir des budgets, au détriment de ceux qui, eux, ont fait les efforts nécessaires et ont agi de manière solidaire.”
Deuxième motion…c’est non
D’autre part, Mme Anouk Vandervoorde (PTB) déposait une motion pour “qu’aucun étudiant ne perde le droit de s’inscrire l’année prochaine et de poursuivre ses études. Et de souligner que “la session d’examens est un véritable fiasco”.
Pourquoi ?…un problème de procédure
La deuxième motion ne sera pas votée et la première sera adoptée à une large majorité. Pourquoi ? Tout simplement parce que la coutume parlementaire distingue un ordre de priorité dans les motions. La première était une motion dite “pure et simple” et devait, selon la coutume parlementaire, être votée avant la deuxième, qui était une “simple motion”. Or, en adoptant la première, la deuxième ne pouvait plus être votée….Un problème de procédure, donc.
Infor Jeunes Bruxelles ne manquera pas de te tenir informé de l’actualité en matière d’enseignement supérieur. #StayTuned !