Genres et orientations
> Genres et orientations > Genre… c’est quoi le Genre ?
08-07-2024 / Belgique / 13min30
Share

Genre… c’est quoi le Genre ?

Voici des exemples de remarques que l’on peut entendre sur le genre :
« Les mecs doivent prendre l’initiative car ils sont plus entrepreneurs ! »
« Les filles savent mieux s’occuper des enfants, elles font ça naturellement. »
« Les mecs sont moins fidèles parce qu’ils ont plus de besoins sexuels, c’est biologique ! »
« En fait, femmes et hommes sont différents et c’est la nature qui nous a fait comme ça ! »
C’est faux !

Noble en tenue rose, le genre
Gainsborough, Thomas; The Pink Boy; National Trust, Waddesdon Manor; http://www.artuk.org/artworks/the-pink-boy-229417

Le genre, c’est quoi ? Essayons de comprendre ensemble !

En général, on a tendance à mélanger deux notions, le sexe biologique et le genre.  On est souvent également convaincu que le monde se partage en deux catégories sur la base du sexe biologique :

  • Les femmes : douces, émotives, réfléchies venant de la planète de l’amour, Venus.
  • Et les hommes : courageux, colériques, entrepreneurs, venant de la planète de la guerre, Mars !

Cette conviction fait penser que certaines aptitudes ou traits de personnalité seraient spécifiques aux garçons ou aux filles dès la naissance. Par conséquent, on pourrait croire que le matériel génétique et biologique a un impact sur le rôle que chacun doit avoir dans la société.

Un peu comme si chaque individu naissait avec un « mode d’emploi » différent en fonction de ce qu’il a entre les jambes. Il faudrait donc suivre ces instructions pour se construire et respecter les attentes de notre entourage et de la société.

Nous allons voire comment ces réflexions sur le genre se basent sur des préjugés et non des faits.

Fun fact autour du genre, Histoire de comprendre

Savais-tu qu’au 18ème siècle, la couleur rose était souvent associée aux garçons ?

A l’époque, le rose était considéré comme un «rouge pâle» et le rouge était associé à la virilité et à la guerre. Le rose était donc appropriée pour les garçons. Par exemple, les portraits de garçons de la noblesse les montrent souvent habillés en rose. Le bleu, en revanche, après avoir été associé aux barbares, devient une couleur associée au divin et à la pureté et était souvent portée par les filles.

A partir de la fin du 19ème siècle ces associations sont inversées. Le bleu est associé à la guerre et au pouvoir, donc aux garçons. Et le rose devient le symbole de la douceur, donc de la féminité. Puis, pour des raisons marketing, les industries de la mode et du jouet ont totalement renforcé ces stéréotypes.

Cet exemple, parmi tant d’autres, démontre que les constructions liées au genre ne sont pas naturelles ou fixes. En effet, ce sont plutôt des constructions sociales qui évoluent avec le temps. Et plus particulièrement, ce sont les facteurs culturels, commerciaux ou historiques qui influencent ces croyances. On peut donc constater que des normes considérées comme « naturelles » ou « évidentes » sont en réalité assez récentes et sujettes à changement.

Le sexe et le genre, c’est quoi?

Ces représentations de genre ne correspondent pas à tout le monde. Et ce cadre peut provoquer beaucoup de souffrances et d’anxiété quand on ne se reconnait pas dans ces critères imposés.

Il y a deux raisons à cela :

  1. On associe souvent :
    • le genre : comment la société dit que tu devrais être en tant que garçon ou fille ;
    • avec le sexe biologique : ce avec quoi tu es né.
  2. La société pense qu’il n’y a que deux genres possibles : homme et femme.
    Le genre, c’est donc la façon dont la société construit l’identité et ce qu’elle attend « d’être un homme » ou « d’être une femme ». En réalité, être « féminin » ou « masculin » n’est pas inné et n’a rien à voir avec la biologie. Cela change selon l’époque, la société et la culture, et n’a rien de naturel !

Quand une personne se sent bien avec le genre qu’on lui donné à la naissance, on l’appelle « cisgenre ». Et même dans ce cas la personne peut ressentir une pression ou du stress. En effet, la société pourrait lui reprocher de ne pas être un « vrai » homme ou une « vraie » femme.

Stéréotypes de genre, prenons des exemples

Exemple de stéréotype de genre dans le cadre du choix des études

Imagine que tu nais avec un sexe biologique féminin, que tu te sens bien avec l’identité de fille et que tu veux devenir mécanicienne. Certaines personnes pourraient te dire que ce n’est pas un métier pour les filles. Elles affirmeraient que les filles ne sont pas assez fortes ou peu douées pour la mécanique. Une « vraie » fille devrais plutôt choisir quelque chose de plus « féminin » comme infirmière ou enseignante.

  • Stéréotypes de genre : On dit souvent que les filles sont pour des métiers « doux » où l’on prend soin des autres. Alors que les métiers « physiques » ou « techniques » sont pour les garçons.
  • Pression sociale : Ces attentes peuvent venir de partout : la famille, les amis, la culture, les enseignants, les médias. Elles peuvent te faire douter, te sentir mal ou même renoncer si tu choisis des études dites pour garçons.
  • Impact sur la confiance en soi : Quand tu te sens obligé de suivre ces règles, cela peut impacter ta confiance en toi et te rendre malheureuse. De plus, tu peux te sentir incomprise, méprisée ou mise de côté par ton milieu.

Exemple de stéréotype de genre concernant les relations affectives

Tu es une personne de sexe biologique masculin qui se sent bien avec l’identité de garçon et tu invites une fille à dîner au restaurant. Et bien, il se pourrait que tu ressente une forte pression sociale pour payer l’addition. Tu as entendu que c’est normal, c’est la tradition, il faut être galant. On dit que pour montrer sa virilité, l’homme est censé prendre soin financièrement de la femme.

  • Stéréotypes de genre : on pense que les hommes devraient s’occuper matériellement et financièrement des femmes. Cela signifie que pour montrer son intérêt envers une partenaire, l’homme doit montrer sa capacité à subvenir à ses besoins.
    De manière plus générale, on associe l’expression des sentiments aux femmes et on va plutôt inciter les hommes à montrer ce qu’ils ressentent en utilisant des moyens matériels.
  • Pression sociale : tu peux te se sentir obligés de payer pour paraître plus « masculin ». Cette pression peut venir de l’entourage ou de représentations médiatiques et culturelles qui définissent ce comportement comme romantique et attentionné.
  • Impact sur la confiance en soi : Cette pression sociale peut créer de l’inconfort. D’un côté, tu veux montrer ton respect et ton intérêt en payant pour le repas. D’un autre côté, tu peux être mal à l’aise si tu es limité financièrement ou si tu préfères partager les frais équitablement. Ou simplement, si tu souhaites exprimer tes sentiments différemment.

Ce qu’il est important de retenir  à travers ces deux exemple, c’est que :

  • chaque personne a le droit de vivre et de s’exprimer comme il le souhaite, sans tenir compte de son genre et des règles qui sont censée le définir ;
  • il faut questionner et déconstruire les attentes de la société, pour se sentir en accord avec qui on est et pour tisser des relations basées sur l’égalité et le respect.

Et si on ne se sent ni homme/ni femme ?

Beaucoup de personnes ne se sentent pas confortables en étant définies par ces deux genres imposés.  C’est ce qu’on appelle « non-binaire » et cela désigne toutes les possibilités d’être en dehors d’une identité strictement féminine ou masculine.

La non-binarité est une identité de genre qui n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle (c’est-à-dire vers quel type de corps on est attiré). Cela répond à la question « qui je suis » et non « qui j’aime ».

En résumé, pour une personne non-binaire, avoir un pénis ou une vulve ne signifie pas forcément qu’on se sente homme ou femme. La non-binarité permet de voir le genre comme quelque chose de personnel, intime qui se construit avec l’expérience personnelle et qui peut changer au fil de la vie.

Cependant, ne pas correspondre aux normes de genre peut entraîner du rejet de la part des autres. Cela peut faire naitre des complexes et un manque de confiance chez les personnes non-binaires ou en questionnement. Elles doivent souvent s’expliquer et répondre patiemment à des questions qui peuvent être intrusives et blessantes. De plus, la majorité des personnes qui ne se conforment pas aux standards de genre homme/femme sont souvent ridiculisées. Exemple : « Tu n’es ni homme, ni femme ? Alors moi je suis un hélicoptère ».  Et leurs vécus sont souvent niés (« La non-binarité n’existe pas ») ou méprisés (« Tu te dis non-binaire mais tu ressembles à une fille, donc je te considère comme telle »).

Ces genres de réflexions sont souvent accompagnées par des comportements discriminatoires et intimidants qui mènent à la marginalisation ou à l’exclusion des personnes non-binaires. Cela peut arriver dans les différents milieux sociaux : scolaires, universitaires, professionnels, familiales, amicales…

Contrairement aux apparences, ce ne sont pas des faits isolés. Il s’agit  d’une violence systémique qui souhaite maintenir un certain ordre social où chaque individu à un rôle bien précis (comme pour le sexisme).

L’importance d’être soi-même !

Si tu te sens en questionnement par rapport à qui tu es, sache qu’il n’y a pas d’âge pour découvrir ton identité de genre, ni pour questionner et changer les codes imposés. Fais confiance en ce que tu ressens, essaye de trouver des pairs et crée des solidarités !

Si tu veux aller plus loin ou si tu as besoin de trouver des lieux pour pouvoir rencontrer des personnes qui sont en questionnement comme toi, tu peux consulter ce guide édité par le CHEFF. Il s’agit d’une organisation de jeunesse LGBTQIA+ qui se trouve dans les six grandes villes de Belgique francophone, dont Bruxelles. Elle organise chaque semaine une permanence d’accueil et une activité de sociabilisation, par les jeunes, pour les jeunes LGBTQIA+ ou en questionnement.

Share